La grippe aviaire semble être tombée dans l’oubli ici, après qu’on en ait beaucoup parlé voici quelques années. Sans doute à tort.
L’édition du 8 septembre du MMWR, bulletin des CDC (centres de surveillance des maladies) américains publie un article selon lequel 759 personnes ont contracté la grippe aviaire en Chine entre le 1er octobre 2016 et le 7 août 2017, dont 281 sont décédées. Les auteurs soulignent « une sous-estimation probable des infections humaines et des décès ». C’est davantage que les quatre épidémies précédentes cumulées.
L’article montre que cette augmentation du nombre de cas n’est pas dûe à une plus grande incidence de la transmission animal/homme ou interhumaine, la première demeurant rare et la seconde n’ayant pas été identifiée de façon efficace ou continue, mais à une plus prévalence plus élevée du virus chez les volailles et sa plus grande extension géographique.
Cependant, utilisant l’Influenza Risk Assessment Tool (IRAT), les auteurs américains et chinois de l’article estiment que la souche virale du virus H7N9 concernée représente « le risque pandémique le plus élevé » de tous les virus de la grippe A évalués, le risque que le virus se propage facilement et efficacement d’homme à homme. L’IRAT utilise dix critères tels que la variabilité génétique, les récepteurs de surface du virus qui déterminent ses cibles cellulaires, la susceptibilité aux traitements existants, etc.
Des vaccins prototypes ont été élaborés dès mars 2017 et sont prêts à être produits. Si ce virus devenait capable de déclencher une épidémie humaine et que celle-ci n’était pas contenue en Chine, la situation serait certainement difficile à gérer, la production de vaccins ne permettant pas de couvrir toute la population, et la confiance de celle-ci dans les décisions et recommandations des autorités sanitaires sera alors cruciale. Mais quelle sera ce niveau de confiance après le fiasco de la campagne de vaccination contre la grippe H1N1 qui a contribué à augmenter la défiance et entraîné une baisse de la couverture vaccinale contre la grippe ?
La question mérite d’autant plus d’être posée qu’une analyse publique des erreurs de 2009 n’a jamais été menée.
Si la menace se concrétisait et que le gouvernement décidait un jour de faire des stocks de vaccins, n’entendrait-on pas des réactions indignées dénonçant des cadeaux aux producteurs de vaccins, réactions qui s’appuieront sur les polémiques de 2009 et 2010 ?
Hélas, la confiance est plus lente à conquérir que la défiance à générer.